1ère Lecture : Exode 22,20-26
Psaume 17
2ème Lecture : 1 Thessaloniciens 1,5-10
Evangile : Matthieu 22,34-40
Pour aller plus loin
Détails
-Il y a la parabole dans l’Evangile de Saint Matthieu (Mt 18,28) où celui qui a prêté se jette sur celui qui doit le rembourser pour l’étrangler. Ici, on voit une main qui sert à étrangler et une autre prête à taper.
-Le lapin bleu (à gauche) a le « savoir » (il connaît les commandements),
-Le lapin gris (à droite) attendrait plutôt un modèle, un témoin, qu’un moralisateur.
-Il y a un contraste de couleurs entre la bulle agressive (rouge), et la Parole de Dieu (en noir).
-La Parole de Dieu est en double. Il arrive qu’on la proclame sans la vivre ou sans même la comprendre.
Questions
Ce dessin illustre aussi une parole de Jésus concernant les pharisiens « Faites ce qu’ils disent, ne faites pas ce qu’ils font. »
C’est facile de dire que le plus grand commandement, c’est d’aimer. Mais dans les faits, est-ce que je le montre ? Est-ce que je le vis ? Suis-je une « Parole Vivante » , un « livre ouvert » ?
Ce matin nous allons écouter Jésus, dans l’Évangile, nous citer le premier et le second commandement. Le premier ne me pose pas de problème… Enfin, je fais ce que je peux…
Mais le second « tu aimeras ton prochain comme toi-même » m’angoisse : dans 99% des cas c’est vrai j’aime et j’essaie de grandir avec et par mes semblables. Mais comment puis-je aimer sur commande ? Que puis-je faire avec les 1% que je ne parviens pas à aimer ???
SOS, Seigneur !…..
C’est si vrai, notre tentation à faire le forcing pour imposer notre vérité fût elle mal comprise par nous en premier…
C’est le piège de la Loi décrit par Jésus : j’applique , « robotiquement », au plus mécanique mais sans sentiment, sans âme, déshumanisé et en plus ce cadre rassurant de règles m’empêche d’être débordant. Il est restrictif et me dédouane semble-t-il du plus, es-sens-ciel : d’aimer…
Pourtant et j’ai souvent un pourtant 🙂 , est-ce pour autant que, si j’ai acquis un savoir de Parole mal digéré, que je dois cesser de la proclamer car je ne sais pas bien moi-même la vivre ?
Je ne crois pas…Je ne crois pas que parce que je faillis sur les valeurs que je connais et sais être bonnes, que je dois me taire, faire silence, même si je n’en vis pas parfaitement et ne suis donc pas un exemple assez crédible.
Il me semble que c’est conclure par le mauvais bout…
J’ai vécu et reçu , moi, de témoins imparfaits, des personnes qui disaient et faisaient le contraire, c’est notre lot à tous, c’est aussi ma lutte…
Mes parents ont fait comme ils ont pu et oui ils ont dit et ont fait aux antipodes ce qu’ils ne voulaient pas, maladroitement et avec leur histoire.
Aujourd’hui que l’un est retourné à Dieu et l’autre peine à vivre ici-bas sans sa présence physique, en manque de leur amour bruyant et tumultueux, je relis autrement ce qu’ils m’ont donnée.
Bien sûr ils ont dit…bien sûr ils n’ont pas fait..et même, plus l’écart entre le dire et faire était grand , plus je m’apercevais de la beauté et de la force du dire idéal, de son exigence…
Bien sûr j’aurai pu m’attarder à la fausseté, à la défaillance, à pointer l’échec de la mise en oeuvre et je l’ai fait…
MAIS je suis maman aujourd’hui, j’ai tenté de reproduire ce qui avait été bon et ça n’est pas si facile et de corriger ce qui me semblait une erreur et c’est encore plus dur et douloureux…J’ai mesuré à la vivre l’ampleur de la tâche..;
Seuls ceux qui n’essaient pas peuvent dire , sur le bord de la route que le tracé du pèlerin est mal fait, alors que lui marche et peine.
Ce que je veux dire c’est que si , sous prétexte que mes parents ne parvenaient pas à la qualité d’amour de leurs discours ils avaient démissionné et cessé de me le tenir je ne l’aurai pas reçu en grande partie…
Bien sûr, s’il avait été parfaitement vécu, le message aurait acquis valeur de Vérité incontestable et réalisable, mais j’aurai pu aussi devant le côté exceptionnel de ce parcours, le penser inatteignable, unique, propre à eux deux…et m’en croire incapable…
Ce que j’essaie de dire, c’est que j’ai évidement perçu qu’ils n’y parvenaient pas, qu’ils disaient et ne faisaient pas, mais j’ai senti qu’ils essayaient…que c’était important pour eux comme direction, axe à prendre…
Et surtout ils m’en ont donné le désir, la Parole m’a fait rêver…désirer ce but, ce sommet …
Je les remercie de ne pas avoir pensé : « On se tait , on n’est pas à la hauteur… »
Je crois que c’est Le piège !
« Je n’y arrive pas alors je n’en parle plus », « je suis pécheur alors je ne mérite pas de dire ce Dieu, ni ce qu’IL attend de moi car on va me coincer « …
Je risque que d’autres viennent voir que je prétends à ce que je ne parviens pas à réaliser et que je semble exiger le même en plus d’eux , les autres ( même quand je n’exige pas, en fait, l’autre se sent visé, tant cette Parole est exigeante en elle-même et vrillante…)
Oui, je vais être pointée du doigt et je dirais « tant mieux ! » que cela m’aide à persister sur le chemin ardu et SURTOUT à demander à Celui qui peut tout de me creuser et de remplir mes manques, inaptitudes, mes-demi-tours, mes fuites, mes peurs, mes découragements, mes chutes…..
Mais que je ne me taise pas.
Oui je suis illégitime pour être ce passeur de « moral » (mot qui réduit l’attente que Dieu a de nous) , alors il FAUT d’autant que j’essaie de l’être dans l’amour …
Il y a urgence, je le sais, au moins que cette Parole soit dite comme voie du BONHEUR, de la JOIE, de La VIE…
Je n’ai pas le pouvoir de la rendre prioritaire pour chacun mais je me dois de la dire, de la partager..
Et oui je la vies mal, oui je suis nulle, oui je suis un contre-exemple, mais elle n’en brille que plus face à mon inaptitude …
et surtout que je ne la taise pas…
Que j’en vibre avec ma peine à ne pas parvenir à la vivre , que j’offre cette épine qui me taraude…
mais que je n’ai jamais honte et peur de dire cette Parole dont je suis piètre apôtre…elle me porte tant et je pourrai en priver l’autre ? Même si cela ne se voit pas autant que j’aimerai…(tant mieux mon orgueil s’en pourrait trouver augmenté)
Je crois que l’église s’est un peu trompée, la société aussi : Le faire n’est pas mieux que le dire car on ne fait jamais comme il faudrait…Il faut tenir le « dire » qui va toujours plus loin que le possible…car il nous mène, il nous corrige nous-mêmes et il se propose aux autres…
IL a ce « dire » l’exigence de la cohérence et en effet, il m’attend au tournant et me renvoie mes manquements dans les yeux des autres, tant mieux ! A moi de corriger le tir et de demander à Dieu cette aide sans laquelle je ne suis rien, ne peux rien…
Mais surtout je ne dois pas, sous prétexte que je suis minable en réalisation, taire le fond de la question, je dois juste, à mon avis, PROPOSER…
J’ai deviné un trésor, difficile d’accès mais le plus beau du monde, je dois en parler…avec délicatesse, intuition, au bon moment, en réponse à une question, une attente, mais surtout il n’est pas fait que pour moi, dans ma « sphère privée,bien ego-centrée »…
Oui j’ai la trouille, on va m’en juger mais IL me dépasse cet idéal-appel et doit circuler…
Tant pis si j’échoue, je dois tenter d’en dire l’importance vitale qu’Il représente même si l’auréole ne brille pas sur mon visage, j’ose la désirer…
Et ça ne m’appartient pas de savoir comment cela sera reçu….la lumière passe parfois avec les années…elle mûrit chez l’autre qui l’a rejeté, en a rit, m’a ridiculisée…
Cela c’est Son Oeuvre à Lui…
« Je suis chargée de vous le dire , pas de vous le faire croire »..Le montrer n’est pas forcément à ma portée et si j’attends que cela le soit, je me tais…
Au fond de moi je sais que je suis aussi chargée de le vivre, de ne pas céder à la tentation du découragement…
Mais oui, mes parents n’étaient pas parfaits, tous les jours ils s’aimaient -ou pas – et nous aimaient mal et pourtant le dire, les mots, la Loi, étaient là, comme un but non réalisé, mais toujours à viser…
Je remercie que devant leurs ratés ils n’aient pas cessé de nous le dire même sans reconnaître toujours qu’ils n’y parvenaient pas …
Leur centre était là…AIMER…
Et même handicapés de cet amour divin, ils ont fait passé cette étincelle du désir , ce sentiment que rien n’est au-dessus de cela…
Même s’ils n’y parvenaient pas, l’AMOUR était plus grand que leur amour petit, et IL nous a touchés…
C’est transmis…par eux, malgré eux, et au-delà d’eux…
Je dis à mes enfants souvent : « Oui j’ai fait cela, oui j’ai visé à côté , reste que la cible est là…et que le centre n’a pas bougé, et je vais recommencer, et mon Bien-Aimé guidera mon bras comme IL le voudra…
Je ne triche pas en déplaçant le coeur de cible, en prétendant que c’était mon but finalement, que parce que j’ai fauté ma faute devient une qualité avec laquelle je m’arrange…et je change de façon de penser pour que ma conscience colle avec ce que j’ai mal fait…
Non, le phare n’a pas bougé lui… J’ai pris un rocher j’ai coulé, mais le rocher n’est pas le phare, et ma tasse n’est pas la brasse…
J’ai un minimum à redire, oui le phare brille toujours, oui il est fidèle, oui il illumine ma nuit et oui c’est lui malgré mes déroutes, mon baliseur de Cap…
Ce dessin me fait aussi penser à la complexité du rôle d’éducateur : pour transmettre des valeurs, des idées, la foi … il ne suffit pas de donner des leçons de morale ; je crois qu’il faut avant
tout mener une vie en harmonie avec les propos tenus.
Apprends-moi, Seigneur, à témoigner de ton amour !!!