P’têt ben qu’oui, P’têt ben qu’non…
6ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A
1ère Lecture : Sirac le sage 15,15-20
Psaume 118
2ème Lecture : 1 Corinthiens 2,6-10
Evangile : Matthieu 5,17-37
Pour aller plus loin
Détails
-Ce lapin indécis est juché sur un socle naturel qui ressemble à un gros tronc avec peu de feuilles, comme une souche qui est empêchée de se développer.
-Il est seul à devoir prendre sa décision.
-Dans son corps, tout est contradictoire ;
-Son corps est tourné vers la gauche et sa tête vers la droite.
-Il a un bras devant et un derrière.
-Une oreille tournée vers le haut et une autre vers le bas (= il entend deux conseils différents et lui, il est au milieu).
Questions
-Dire « Oui », et dire « Non » et le plus beau cadeau que Dieu a donné à chaque être humain. Ca veut dire que chaque être a la capacité de penser par lui-même, et de devenir lui-même.
-Est-ce que j’use de cette grâce comme d’un pouvoir sur les autres ?
-Est-ce que je suis un(e) éternel(le) indécis(e) ?
-Est-ce que j’attends que la réponse vienne de l’extérieur ?
-Dire oui ou non permet à l’autre de se situer vis-à-vis de moi car il sait ce que je pense. Sans cette parole de ma part, la relation peut-elle être vraie ?
oups !!! Encore une faute, une erreur, je vais décidément trop vite !
Lire « Face au mal » et surtout pas « fasse au mal »…. pas drôle le lapsus orthographique !
Me vient cette phrase: « que grand Bien lui fasse-au mal…. » un grand « B » pour un petit « m » 🙂
« Une fois que ma décision est prise, j’hésite longuement. »(Jules Renard)…
Je trouve que ce n’est pas le « oui » qui est compliqué mais le non….
Le « oui » dans sa positivité fait toujours plaisir puisque il est consentement, le non ressemble plus à une claque, un refus, une méchanceté…
Ma Bonne- Maman disait quand un diplomate dit « oui » ça veut dire » peut-être », quand il dit « peut-être » ça veut dire « non » et un diplomate ne dit jamais « non » sinon ça n’est plus un diplomate….
Pourtant je ne passe pas pour être maître dans l’art de la diplomatie…Plutôt « cash » en principe…
j’ai le sens de l’engagement mais souvent mes « non » n’osent pas et ressemblent à des « peut-être » ou à des plutôt « non mais je vais réfléchir » comme le fils qui va à la vigne, mes refus finissent par des actions positives contraires…Des « oui » en râlant ou en freinant des deux pieds…Des « non » intérieurs qui me pèsent plus que d’y aller et finissent à la poubelle…
Le « non » c’est un problème…
De même celui qu’on m’oppose sans explication me semble le comble du désamour….de l’individualisme qui ne se gêne pour personne…
« Oui » à condition que je sois en service minimum, que cela me dérange le moins possible, que cela ne nécessite pas d’effort….C’est un peu mon sentiment envers la génération qui me succède de moins de dix ans environ et le suivante…
Je ne me « fends » plus pour l’autre…
Si cela rentre dans mon emploi du temps d’accord mais s’il faut faire un détour ou quelques changements il n’y plus grand monde, ou si l’autre est lourd à porter, visuellement ou intellectuellement cabossé et me confronte à mes faiblesses et fragilités, arrière toute ! Je ne dépasse pas mon appréhension première, je fuis le malaise qu’il génère en pensant à moi d’abord et peu souvent à lui plus mal loti….
Oui le « non » m’est une question douloureuse…dans la notion du donnant-donnant…de l’effort-mérite, et plus loin encore, là où j’avance , dans l’esprit de gratuité et de don….sans lequel il y a pour moi peu d’amour vrai et profond , sans décompte des points, sans comprendre que ce que je donne à l’un ne reviendra pas forcément par lui mais sera donné par un autre que je n’attendais pas forcément….et que je risquerai de ne pas voir….
J’entends cette liberté merveilleuse du oui et du non, cette directive de clarté et de vérité dans le message que j’envoie aux autres et pourtant….
Le « non » est comme une porte refermée…si je ne trouve pas la solution pour aider ou un relais…en cas d’incapacité de ma part par exemple…
Il me semble renvoyer l’autre à ses problèmes et à sa solitude…
Le seul « non » que j’aime c’est celui qui me vient fasse au mal, à la mauvaise action, à la morale du « tout est bon à essayer » de toutes les tentations, à ce « pourquoi pas ? » qui chatouille parfois…
Ce « non » de résistance pour ce que je ne valide pas comme Bien…pour moi , comme chemin de traverse….de travers…
Mais les autres « non » ne sont pas simples, je réfléchis à ces phrases
» Pêcher n’est pas faire le mal. Le vrai pêché, c’est de ne pas faire le bien. (Pier Paolo Pasolini) » ce péché par abstention, par omission qui se cache facilement dans nos démissions….
ou cette ironie qui m’interpelle :
» Il faut toujours s’excuser de bien faire – rien ne blesse plus. »(Paul Valéry)
ou « On n’est pas infaillible
parce qu’on est sincère. » Sacha Guitry
Je peux être sincère dans mon « oui » et dans mon « non » est aller dans le mur quand-même….Je peux parfois aussi dire « oui » sans mesurer ce que cela va me coûter …et me retrouver dans l’amertume
« L’amertume vient presque toujours de ne pas recevoir un peu plus que ce que l’on donne.(Paul Valery) …
Il y a cela aussi d’important dans mon « oui »….de ne pas être dans le décompte, de sortir de la logique d’une égalité de comportement ou de rester dans l’attente d’un retour….
D’être dans quelque chose de simple, un mouvement du coeur , un partage, une assistance parce c’est ce qui me semble juste au moment où je le choisis…parce que cela résonne comme un appel…
Et pour l’addition laisser le Seigneur faire un grand feu d’Amour pour tous et chacun….
Oui , vraiment pas simple ce « oui » , ce « non » …Peut-être dans l’abandon du « Fiat » de Marie….cela fait moins question et + de Vie…. 🙂
La question est aussi » suis-je vraiment libre ? », libre d’avoir mon opinion sans me demander ce que les autres vont en penser.
Merci mon Dieu pour la liberté que tu nous donnes, que tu me donnes !
Seigneur, accorde moi la grâce de comprendre ce que tu attends de moi, donne moi la force de faire les choix que tu attends de moi… pour que tu puisses m’aimer !
Mais Dieu t’aime déjà, de toute façon !