» Pingouin dans le champ, été méchant «
15ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A
1ère Lecture : Isaïe 55,10-11
Psaume 63
2ème Lecture : Romains 8,18-23
Evangile : Matthieu 13,1-23
Pour aller plus loin
Détails
-Le lapin avance en semant des graines sous le regard sceptique du pingouin.
-Dans ce dessin, rien ne pourrait empêcher les graines de pousser sinon l’accueil de la terre elle-même.
-Il y a aussi un périscope. On ne sait pas trop ce qu’il fait là. C’est l’espérance, dans les milieux les plus glacés, qui regarde dans la direction où va le lapin.
-Le lapin porte une serviette. Sur son épaule (et non pas sur les oreilles qu’il a gelées). C’est la douceur, la chaleur et la force de l’Esprit-Saint. Avec les épaules, on peut porter des choses lourdes, voilà pourquoi quand on fait le signe de la croix, on se signe l’épaule quand on évoque le Saint Esprit.
-Les graines sont rouges, la serviette est jaune ; les couleurs sont visibles. Ce sont les seules couleurs chaudes du dessin. L’Esprit que Dieu a mis en nous est le seul qui puisse nous faire vivre, comme une source de chaleur dans un milieu gelé.
Questions
-Dans ce dessin, rien ne pourrait empêcher les graines de pousser sinon la terre elle-même. On peut enlever la chaleur du soleil de la parabole, les oiseaux, les ronces… Si la terre n’est pas accueillante, rien ne pousse. Les graines rebondissent car elles sont repoussées par le sol inhospitalier.
-Pour que la grâce de Dieu repose en nous, il faut un minimum déblayer le terrain. Plus on déblaie, plus il y a de la place pour accueillir.
-Qu’est-ce que je vais déblayer cette semaine ?
le merinos c’est un mouton ! pour un Pasteur et un Berger !
Un petit retour pas facile en ces temps de profonde anxiété médiatique et médicale….une pandémie qui mine la rencontre, le partage et le réel, où on nous demande la distanciation sociale et où l’affectif est nié pour laisser nos anciens isolés sans visite physique sans contact (comme certaines cartes bancaires) devenir triste, sans appétit et glisser vers la dénutrition et le décès….
Temps où l’on peut-doit mourir sans les siens ( n’était-ce déjà pas le cas de plus en plus en milieu hospitalier ? ) être enterré sans ceux qui vous aime et doivent inventer d’autres hommages…
Quel sens ? retrouver cette prière que la frénésie de nos vies fait souvent passer au second plan ? Trouver l’essentiel ? ou devenir addict en tous genre aux écrans, aux paradis artificiels, aux calmants ? doudou de substitution ?
Confinés , déconfinés, masqués, réanimés….qui sommes nous sans visage ? sans toucher ?
J’ai perdu en Mars mon curé, 11 ans de service, il devait partir en retraite à la fin de l’année et il rêvait de fêter son jubilé…Il est parti du COVID en 10 jours comme un pied de nez…La chaîne de prière n’y a rien fait ni se cauchemar la nuit de son départ que j’ai fait de cet oiseau (colombe ? moineau ?) tué blessé massacré par une silhouette noire de monte en l’air, qui peinait à s’envoler pour passer au delà du mur, de la zone d’ombre à la zone bleue…Il a chuté puis décollé….
Un nouveau prêtre nous est donné , jeune, bien appliqué….Je vais lui dire père, il est à peine plus âgé que mon aîné….
Il est moins usé que son prédécesseur, il prend son temps à l’élévation, remet de l’encens( trop ?) , recadre la liturgie et c’est drôle moi qui ai râlé sur le « laisser faire » de notre ami et père défunt, j’ai mal de voir sa place prise même sur les points que j’aurai voulu voir améliorés pourtant….Même si ce nouveau nous conduit dans la prière avec respect et conviction , même si les messes font enfin au minima l’heure (réglementaire?)
c’est drôle je vois toutes les qualités désormais de celui qui n’est plus là !
Sa gentillesse sa sensibilité, son désir d’unité et d’accueillir toutes les différences, sa façon de nous mener ensemble avec toutes nos attentes parfois si opposées, sa façon de jardiner, de cuisiner, de nous inviter, d’être partant sur tous les projets, sa confiance ….
sa sagesse face aux conflits et son lâcher prise , son humilité…son amour de la peinture, sa science et son savoir théologie jamais imposé ni barbant….
Est-ce en train d’idéaliser celui qui repose désormais dans ce cimetière dans cette ville qu’il aimait non loin de la cathédrale renommée où tant ont pèlerinés ?
Nous n’irons pas avec lui en terre sainte , il est parti seul vers une terre promise qu’il savait exister, dans la Rencontre qu’il attendait…On a fait une messe d’action de grâce sans lui fin Juin….
On s’est senti orphelin ? Nous menait il si bien sans qu’on s’en rende compte ? pour que le vide et les hommages abondent ?
Le semeur est sorti, notre semeur s’est envolé et un nouveau nous est donné c’est déjà une telle chance….notre ancien curé qui voulait tant nous mobiliser pour les vocations naissantes ….
Le nouveau semeur est nommé, il a tout a inventé, il est porteur du même Dieu, de la même Espérance…
Alors ce que je vais déblayer cette semaine ? ma peine douloureuse et ma colère, mes regrets et mes révoltes, mes comparaisons stériles et ma peur, mon anxiété et ma culpabilité et mes reniements, ma fuite en avant, mon refus d’accueillir ….
et je vais l’entendre me redire » laissos pissos le mérinos » lors des frottements en paroisse avec ce latin approximatif et bénédictif ….laisser le temps à l’Esprit saint de dégeler mon coeur pétrifié….
Le mérinos c’est bien un lapin non ? bleu comme Marie, bleu comme le Ciel ?
Belle rentrée et beaux dégels à chacun ….